l-autre-europe

Au mois de février,  nous apprenions le décès de  Zhelyu  Zheliev , premier président démocratiquement élu et non communiste de la Bulgarie d’après 1989([1] ) sur le site de la Renaissance Française et par le biais de sa représentante  en Bulgarie, Mme Maria Donevska. Je me joins à cet hommage rendu à cet homme d’exception, porteur d’une autre Europe, exemple d’intégrité et de courage dans la Bulgarie post-communiste et la Bulgarie actuelle .

Né le 3 mars 1935 à Veselinovo dans l’oblast de Choumen. Il est diplômé de philosophie de la prestigieuse université de Saint-Clément d’Ohrid de Sofia en 1958 et devient docteur en philosophie en 1974.Parallèlement à ses études, Zhelyu Zhelev était membre du parti communiste de Bulgarie jusqu’ en 1965, date à laquelle il est exclu du parti. En effet, sa thèse de doctorat  « La définition philosophique de la matière » remet en cause le dogme communiste car utilisant des références de la science « bourgeoise » (entendons les références scientifiques occidentales). Il en a fait les frais et s’est retrouvé sans emploi durant 6 ans.([2]) Entretemps ,en 1974, il entre comme sociologue à l’Institut de la Culture de Sofia et rédige de nombreux ouvrages. En 1982, son ouvrage le plus connu et le plus controversé, « le Fascisme »(Faschizmat) le met sur le devant de la scène. Dans cet ouvrage, il établit des comparaisons entre les régimes fascistes et communistes, ce qui lui vaut d’être interdit d’éditer et l’ouvrage retiré des librairies. En 1988, il fonde le comité de Roussé, puis le Club de soutien à la Glasnost et à la Perestroïka en 1989. Cette fronde contre le pouvoir lui vaut d’ être licencié de l’Institut de la Culture. La même année, il est l’un des fondateurs de  l’Union des forces démocratiques (Съюз на демократичните сили, Soyouz na demokratitchite sili, SDS). En juin 1990, il est élu député de la 7ème Grande Assemblée nationale   . Cette dernière l’ élit président de la République le 1^er août  1990 et en 1992 , cete décision est confirmée par son éléection  au suffrage universel direct. Il gouverne la Bulgarie jusqu’en janvier 1997, année où il est battu à l’élection présidentielle par Petar Stoyanov([3]).

Après sa défaite électorale, il s’investi dans la sphère diplomatique avec son élection comme  président honoraire de l’Internationale libérale qui regroupe les partis de centre droit et dans le monde associatif avec la création de la fondation Jelev ( supporté par le Programme de Développement des Nations Unis, La Délégation Bulgare de la Commission Européenne, la Commission Démocratique de l’ambassade des USA,USAID et la Friedrich Nauman Foundation)([4]) dont l’un des objectifs est l’accroissement de la démocratie dans les Balkans. Il est aussi le fondateur du Balkan Political Club qui regroupe les anciens dirigeants des pays balkaniques et dont les objectifs sont la résolution pacifique des conflits, l’amélioration de la gouvernance et l’accroissement de la démocratie et de la coopération balkanique.

Dans le monde entier et en Bulgarie, il reste  un symbole de la lutte pour la liberté et la démocratie, de la transition pacifique, de la tolérance et de l'entente nationale »([5]).Il était aussi un dirigeant des Balkans, très francophile puisque durant sa présidence, la Bulgarie est devenue membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie([6]). Il fut décoré de la Grand-Croix de la Légion d’Honneur  par François Mitterand et fait  docteur Honoris Causa de plusieurs universités françaises. Puisse son exemple inspirer les dirigeants d’Europe de l’Est et d’Europe Occidentale  particulièrement en cette période troublée où le projet européen est au point mort et où la peur et les préjugés sont en train de rompre les ponts jetés entre l’Europe occidentale et l’Europe de l’Est, particulièrement en Ukraine et en Macédoine.