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Traditions et cultures


Monseigneur Germanos de Patras : le prophète grec de la Liberté

 

 

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Monseigneur Germanos de Patras : le prophète grec de la Liberté

 

Par

Jean-Baptiste HUBERT,

Spécialiste en intelligence économique et des questions de sécurité et de défense,

Membre du comité « Sécurité Intérieure » de l’Aqui-IHEDN ;

 

Le Serment à Aghia Lavra, peinture de Theodoros P. Vryzakis, 1865.

 

Le 25 mars 2021, la Grèce a célébré le 200ème anniversaire du plus important évènement de son histoire contemporaine, à savoir le début de l’insurrection grecque de 1821 qui mit fin à plus de 400 ans d’occupation ottomane([1]). Cette manifestation a reçu le soutien et le concours de l’Ambassade de France en Grèce, car cette date marque le début d’une profonde et solide amitié qui lie nos deux pays depuis 200 ans. Ainsi, l’Ambassade de France a soutenu l’exposition virtuelle « La Grèce par amour ! (Ελλάδα για αγάπη!)" de la Bibliothèque Nationale de France([2]), pour le volet culturel, sans oublier pour le volet géopolitique, l’achat par la Grèce de 18 avions de combat Rafale, assurant ainsi une certaine stabilité géostratégique et le maintien de la paix dans cette zone sensible([3]). Ces liens se sont tissés au travers de combats communs pour la défense des principes démocratiques(liberté, égalité, souveraineté) et par un attachement aux plus hautes valeurs de la civilisation européenne (défense de la patrie, libre expression des arts, système politique démocratique)  que nous a transmises la Grèce antique, tant par la puissance et le  rayonnement culturel d’Athènes que par la force morale et civique de Sparte.

Dès le départ, l’insurrection du peuple grec en 1821 suscita un élan de solidarité et d’adhésion sans précédent, en particulier chez de célèbres auteurs français comme Chateaubriand ou Victor Hugo qui furent parmi les plus fervents défenseurs de l’indépendance grecque. Pour preuve," L’Appel en faveur de la cause sacrée des Grecs" de Chateaubriand, véritable plaidoyer en faveur d’une intervention française pour aider les Grecs face à l'empire ottoman et "Les Orientales "de Victor Hugo qui se terminent sur un ton  martial, pour ne pas dire lacédémonien : « Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ? Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus, je veux de la poudre et des balles ». Ces textes furent à l’origine de l’expédition de Morée (15 000 hommes), commandée par le général Maison, remportant la célèbre bataille navale de Navarin et chassant les Turcs du Péloponnèse.

D’autres comités et personnalités philhellènes dont certaines des plus influentes de cette époque comme Lord Byron([4]) ou le général français Charles Nicolas Fabvier ([5]) iront jusqu’à se porter volontaires et se battre aux côtés des Grecs, parfois  jusqu’à donner leur vie pour cette cause qui devint, par extension, celle de l’Europe romantique. Pour rappel, Lord Byron mourut du typhus lors de l’héroïque siège de Missolonghi en 1824.

Pour illustrer la commémoration de la guerre d'indépendance grecque, il convient de parler d'un des principaux initiateurs, Monseigneur le métropolite([6]) Germanos de Patras, le prophète grec de la Liberté, qui raviva par son exhortation , le sentiment patriotique des Grecs en appelant à leur profonde dévotion et leurs devoirs de chrétiens orthodoxes comme le souligne le magnifique tableau de Theodoros P.Vryzakis, reproduit ci-dessus .

Le futur métropolite patriote est né le 25 mars 1771 dans la ville de Dimitsana dans l’actuelle Arcadie (partie méridionale du Péloponnèse). Extrêmement pieux et observant, Germanos de Patras se sentit appelé à servir le Seigneur Tout-Puissant et à prendre soin de la conscience et de l’âme de ses compatriotes. En effet, depuis le XIV siècle, les Grecs orthodoxes étaient particulièrement persécutés au nom de leur religion, la foi chrétienne orthodoxe, de diverses manières, citons entre autres :

-la djizia, un impôt vexatoire, discriminant et injuste qui obligeait les chrétiens à payer un impôt du fait qu’ils étaient non musulmans en échange d’une supposée protection;

-la devchirmé (cueillette en turc), contrainte qui obligeait les familles non musulmanes à donner leur premier fils à l’Empire. L’enfant était converti de force à la foi musulmane (islam bektachi) ([7]) et était obligé de servir dans le corps des janissaires (yeniçeri en turc soit les nouvelles troupes)..

 C’est ainsi qu’il commença son ministère en tant que prêtre, puis comme protosyncelle([8]) du métropolite Georgios,  à Smyrne, qui fut à trois reprises Patriarche de Constantinople ([9]). En 1818, Germanos de Patras fut consacré métropolite de Patras par son ancien supérieur.

Parallèlement, il adhèra à la célèbre organisation secrète de résistance grecque, "la Société des Amis" (Filiki Eteria en grec), la plus importante des organisations de résistance grecque co-créée à Odessa en 1814 par Nikolaos Skoufas, Athanasios Tsakalov et Emmanuel Xanthos. Cette société se fixa comme but la libération de la Grèce et la mise en place d’une république inspirée du modèle de la République Française. Cette organisation a donné également à la Grèce contemporaine, sa magnifique et virile devise  : « La Liberté ou la Mort » (ὴ Ελευθερία ή θάνατος/ Elefthería í thánatos, en grec), ainsi que nombre de héros de l’indépendance, tels que Alexandros Ypsilantis, chef militaire de l’organisation et fondateur du second Bataillon sacré ([10]) et de chefs klephtes comme le célèbre Anagnostarás ([11]).

En son sein, Germanos de Patras s’y impliqua intensément et devint l’un des chefs politiques de cette organisation, atteignant le rang d’Archipasteur([12]), signe de sa profonde implication dans les préparatifs de l’insurrection de mars 1821.

C’est justement lors du déclenchement de cette insurrection qu’il se rendit célèbre et fut à l’origine du mythe fondateur de la bénédiction du futur drapeau national grec, sur lequel les jeunes volontaires ont prêté serment de lutter pour l'indépendance de la Grèce et de se rendre à Patras pour commencer la lutte et libérer la ville. Au moment le plus solennel, il se distingua par son exhortation au peuple grec qui résonne encore de nos jours dans la mémoire collective grecque, exhortation qu'il termina ainsi: : « …Armez-vous donc race hellénique, deux fois illustre par vos pères ; armez-vous du zèle de Dieu : que chacun de vous ceigne le glaive ; car il est préférable de périr les armes à la main, que de voir l'opprobre du sanctuaire de la patrie . Brisons nos fers et le joug qui charge nos têtes, car nous sommes les héritiers de Dieu, les co-héritiers de Jésus-Christ ([13]).

Au cours de la guerre d’indépendance, il continua à exhorter ses compatriotes et à les galvaniser lors des combats. Suite à la guerre d’indépendance, après une période de voyage en Europe de l’ouest, il retourna en Grèce en 1824 et, loin de retourner à ses devoirs ecclésiastiques, il s’impliqua au niveau politique et fut nommé, en avril 1826, président de l’une des deux commissions gouvernementales créées lors de la 3èmeAssemblée Nationale Grecque.

Afin d’honorer son patriotisme et son engagement, la Grèce a honoré sa mémoire par une statue monumentale qui orne l’esplanade de l’Université d’Athènes.  

Plus de 200 ans après le soulèvement de la Grèce, cette magnifique exhortation trouve encore son écho et redonne un regain d’espoir et de patriotisme au vaillant peuple grec. Il est toujours harassé par les conséquences de la crise économique de 2008 et est soutenu à bout de bras par l’Église orthodoxe de Grèce qui aide quotidiennement les siens par la mise en place de soupes populaires. Face aux ambitions grandissantes de la Turquie, au nom de l’amitié franco-grecque, nous nous devons d'offrir la médiation nécessaire au maintien de la stabilité et prêter notre concours à la normalisation des relations gréco-turques en particulier vis-à-vis de la situation chypriote.

 

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1 « La France s’associe aux célébrations en Grèce du bicentenaire grec », Site de l’ambassade de France en Grèce, Ministère des Affaires Étrangères, consulté le 01/04/2021, disponible sur : https://gr.ambafrance.org/La-France-s-associe-aux-celebrations-en-Grece-du-bicentenaire-grec

 

[2] « Pour son bicentenaire, la Grèce célèbre les «philhellènes» français », Bonjour Athènes, consulté le 01/04/2021, disponible sur : https://www.bonjourathenes.fr/pour-son-bicentenaire-la-grece-celebre-les-philhellenes-francais/

 

[3] HUSSON Jean-Pierre, « Athènes signe pour le Rafale », RAIDS N°416, p 90, consulté le 01/04/2021.

[4] George Gordon Byron (1788-1824) , 6ème baron Byron, fut sûrement l’un des plus grands poètes britanniques de son temps, tant par la qualité de ses œuvres que par la portée de leur rayonnement dans l’Europe romantique, à l’instar de son compatriote Percy Bysshe Shelley. Ses œuvres comme Don Juan, Lara ou encore le Giaour  demeurent à ce jour des classiques. Philhellène convaincu, il partit comme volontaire pour libérer la Grèce de l’emprise ottoman et combattit aux côtés des patriotes grecs lors du siège de Missolonghi.

 

[5] Charles Nicolas Fabvier (1782-1855), général français, diplomate et homme politique français. Il se distingue à plusieurs reprises lors des guerres napoléoniennes notamment lors des batailles de Crems, de Dürenstein , de Salamanque et de la Moskowa, où il s’illustre par sa bravoure et son ardeur qui le font nommer par l’Empereur chef d’escadron au 6ème corps et poursuit sa carrière militaire lors des campagnes de Saxe et de France. Il sera fait Baron d’Empire et sera parallèlement ambassadeur en Perse, où il sera distingué de l’Ordre du Soleil. En 1823, il s’embarquera comme volontaire avec le comité grec de Londres et commandera une partie des troupes grecques face à Ibrahim Pacha.

 

[6] Le titre de métropolite est, toute proportion gardée, l’équivalent orthodoxe d’évêque dans le monde catholique.

 

[7] L’islam bektachi correspond en fait à l’islam soufi pratiqué par la célèbre confrérie des derviches tourneurs de Konya. Cette pratique de l’Islam s’est répandu dans les Balkans par les janissaires , convertis à cette pratique. 

 

[8] Le titre de protosyncelle correspond à celui de vicaire d’un évêque dans le monde catholique.

[9] Saint Grégoire V de Constantinople (1746-1821) est un saint orthodoxe qui a été à trois reprises Patriarche de Constantinople, la plus haute autorité ecclésiastique du monde orthodoxe. Il a été déclaré hiéromartyr en 1921 pour ses tentatives d’apaiser la répression turque contre les Grecs de Constantinople lors de la révolution grecque de 1821, qui lui vaudront d’être accusé de complicité, pendu et son corps souillé puis recueilli par des marins grecs qui conserveront son corps avec honneur et dévotion. Son corps repose sous la Cathédrale d’Athènes. 

 

[10] Le titre de Bataillon Sacré est une tradition militaire grecque qui remonte à l’Antiquité. On compte trois unités célèbres qui eurent l’honneur de porter ce titre, le premier serait en fait la célèbre légion thébaine qui était composée d’amants et d’aimés ;  le deuxième a été créé par Alexandros Ypsilantis, chef militaire de la Filiki Eteria et officier grec au service du tsar, à Iasi en 1821et composée de 500 étudiants grecs de la diaspora qui tombèrent en héros lors de la bataille de Drăgășani, pour aider les patriotes roumains et le troisième a été créé le 15 septembre 1942 au Caire , à l’initiative du gouvernement grec en exil, et sera commandé par le futur général Christodoulos Tsigantès et s’illustrera par ses audacieux coups de main et son sens tactique aux côtés du Special Air Service (SAS) britannique, de la Légion Étrangère et de la 2ème DB du général Leclerc et servira lors de la campagne du Dodécanèse. Il est le précuseur de la 1ère brigade parachutiste grecque et de la principale unité des forces spéciales de l’armée de terre grecque, l’ ETA (pour Eidiko Tmima Alexiptotiston, unité spéciale parachutiste).

 

[11] Anagnostarás (1760-1825) de son vrai nom Chrístos Papayeoryíou, célèbre chef klephte et héros de l’indépendance grecque. Il fut l’un des premiers et principaux dirigeants de la Filiki Eteria. Il est connu comme l’un des plus efficaces recruteurs de la Société et initia le célèbre Theodoros Kolokotronis et Yeorgios Papaphléssas. Il combattit lors des sièges de Kalamata, de Tripolizza en 1821 et tomba les armes à la amain face aux troups d’Ibrahim Pacha lors du siège de Sphactérie le 8 mai 1825.

 

[12] Le rang d’Archipasteur est un rang réservé aux memebres les plus riches et aux ecclésiastiques membres de la Filiki Eteria

 

[13] Extrait de l’exhortation de Germanos de Patras. 


14/05/2021
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La Fête nationale bulgare : l’union des frères slaves face à l’oppression ottomane

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La Fête nationale bulgare : l’union des frères slaves face à l’oppression ottomane   

 

Par

Jean-Baptiste HUBERT,

Spécialiste en intelligence économique et des questions de sécurité et de défense,

Membre du comité « Sécurité Intérieure » de l’Aqui-IHEDN ;

 

Le 3 mars 2021, la Bulgarie fêtait le 143ème anniversaire du traité de San Stefano, signé le 3mars 1878, mettant fin à près de 500 ans d’occupation ottomane et jetant les bases du futur royaume de Bulgarie avec l’élection d’Alexandre de Battenberg (1857-1893). Héritier de la famille princière allemande de Battenberg, il était neveu du Tsar de toutes les Russies de l’époque, Alexandre II.

Comme nous l’abordions dans l’article sur Vasili Levski([1]), la seconde guerre de libération bulgare a commencé en 1877, suite à l’insurrection d’Avril ( avril 1876), où les comitadjis bulgares de Vasil Levski, l’apôtre de la Liberté, et de Hristo Botev, le successeur et poète de la cause nationale bulgare, ont vaillamment affronté les bachi-bozouks et réveillé le patriotisme et le sentiment national bulgare, exalté et magnifié par le martyr de Vasil Levski et le sacrifice de ces hommes, tombés sous la lame vengeresse des troupes ottomanes lors de la campagne de répression de cette insurrection.

Cet évènement souleva l’indignation de l’Occident comme le démontre les déclarations des plus grandes consciences de l’époque comme Victor Hugo qui déclara dans le journal le Rappel du 30 août 1876 : « l'héroïque peuple bulgare a mérité d'être libre »([2]) ou encore la publication par le Figaro du livre "Voyage au pays des bachibouzouks" qui décrit avec force détails, les atrocités dont se sont rendus coupables les sinistres bachi-bozouks, tristement célèbres pour leur indiscipline et leur brutalité sans borne. N'oublions pas les protestations de l’écrivain britannique William Thomas Stead et celles du Premier Ministre britannique de l’époque, William Gladstone.

Profitant de cette vague d’indignation, d’une  crise de succession à la tête du pouvoir ottoman qui vit monter sur le trône le tristement célèbre Abdülhamid II le Rouge, de la conférence de Constantinople où elle s’assure de la neutralité de l’Autriche-Hongrie en échange des vilayets de Bosnie et d’Herzégovine et de l’intervention de la Roumanie en échange de la reconnaissance des droits de la Roumanie sur la Dobrouda du Sud, la Russie d’Alexandre II, alors en pleine expansion économique et territoriale (conquêtes du Caucase et de l’Asie Centrale…), déclencha la 10ème guerre russo-turque qui lui permit de réaliser plusieurs objectifs idéologiques et stratégiques majeurs :

-étendre l’influence de la Russie impériale à la péninsule balkanique, afin de contrecarrer les ambitions ottomanes dans le Caucase, en Mer Noire et dans les Balkans;

- s’assurer une voie directe et sure aux mers chaudes par le biais de concessions de bases navales auprès d’alliés slaves reconnaissants (Bulgarie, Serbie, Monténégro, les trois peuples entretenant d’excellentes relations avec la Russie);

- réaliser l’union sociale, politique et spirituelle de tous les peuples slaves sous l’égide de la couronne impériale russe, vue comme la protectrice des droits et des libertés des peuples slaves du Sud, afin de refonder un empire orthodoxe, à l’image du défunt empire byzantin, et de renommer Istanbul, Tsargrad([3]). Cette conception du monde a été portée par le mouvement panslave( [4]) qui acquit une influence politique majeure en Russie, suite à la création du Comité slave à Moscou en 1860, avec le soutien des autorités impériales.

Dès lors, les opérations militaires ont véritablement commencé pour le front balkanique, en juin 1877, quand 4 corps d’armée russes, commandés par le grand-duc de Russie Nikolaï Nikolaïevitch, les généraux Iossif Vladimirovitch Romeïko-Gourko (commandant la 2ème division de cavalerie de la Garde), Mikhaïl Leris-Melikov ,  Mikhaïl Dimitrievitch Skobeliev et Mikhaïl Grigorievitch Tcherniaïev (célèbres pour avoir conquis l’Asie Centrale). Appuyés par des volontaires finlandais et des troupes roumaines, ils traversent le Danube et le Nord de la Bulgarie puis passent par le col de Chipka , principal verrou stratégique de la défense ottomane. C’est précisément au niveau de ce col qu'eut lieu la décisive et âpre bataille de Chipka. Elle se déroula en 4 affrontements successifs, du 17 juillet 1877 au 9 janvier 1878, où les comitadjis bulgares iront jusqu’à se battre avec des pierres quand les munitions venaient à manquer comme l’illustre le magnifique tableau du peintre Alexey Popov :

 

 

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La Bataille du Col de Shipka, Alexey Popov

 

Parallèlement à cette bataille titanesque, les troupes roumaines ont progressé vers la ville de Plevna, point stratégique de tout le front bulgare, qu’elles assiègèrent et qui capitula le 7 décembre 1877, suite à la reddition d’Osman Pacha. Cette capitulation et la lente avancée des troupes russes ont eu pour conséquence de faire sauter le verrou stratégique du front bulgare et permirent au troupes russes de s’emparer successivement des villes de Plevna, Lovetch. Là, les hommes de la 16ème division commandés par le général Mikhaïl Skobeliev se signalèrent par leur bravoure. Ils s'emparèrent également d’Andrinople en janvier 1878. Suite à la conquête de cette ville, les Anglais et les Français, soucieux de conserver la libre navigation sur le détroit des Dardanelles, ainsi que leurs avantages politiques et économiques issus des Capitulations, menacèrent de rentrer en guerre contre la coalition russo-serbo-roumaine. Cette situation conduisit les délégations diplomatiques à se réunir à Ayastefanos (San Stefano en français) une banlieue aisée d’Istanbul. Au cours des discussions, la Russie imposa à la Turquie les quelques dispositions suivantes :

 

  • La création d’une  principauté de Bulgarie, reconnue comme autonome par la « Sublime porte », s'étendant de la mer Égée au Danube et à la mer Noire, regroupant la quasi-totalité des bulgarophones, y compris en Macédoine : elle devait rester vassale et tributaire de la « Sublime Porte », mais son prince aurait été choisi par la Russie ;
  • L’extension et la reconnaissance de l’indépendance des principautés de Serbie, du Monténégro et de Roumanie, ainsi que de la Bosnie-Herzégovine qui devient autonome de l’empire ottoman et de l’empire austro-hongrois. En effet, selon les textes, le Monténégro et la Serbie reçoivent des districts adjacents à leurs anciennes frontières. La Roumanie doit céder la Bessarabie méridionale à l'Empire russe et reçoit en échange la moitié nord de la Dobroudja, dont la moitié sud deviendra bulgare. Ceci alimentera l’irrédentisme roumain et sera l’une des causes de la Première Guerre Mondiale, tout comme la cession de la Macédoine à la Serbie qui alimentera le nationalisme et l’irrédentisme bulgare. Ce sera la principale cause de ralliement de la Bulgarie aux Empires Centraux et plus tard de sa neutralité bienveillante vis-à-vis du IIIème Reich.

 

 

[1] Voir article sur Vasil Levski 

 

[2] « Fête nationale de la république de Bulgarie », bulgaria-france.net, consulté le 15/03/2021, disponible sur : https://www.bulgaria-france.net/culture/traditions/03mart.php

 

[3] Le nom de Tsargrad fait référence à la fois à une ancienne prophétie de l’eschatologie orthodoxe qui doit voir les Russes s’emparer d’Istanbul, afin qu’elle redevienne Constantinople/ Tsargrad, ainsi qu’à la vision des panslavistes russes (Danilevski/ Dostoïevski) qui faisait de Constantinople la capitale d’un nouvel empire orthodoxe qui se bâtirait sur les ruines de l’empire ottoman et au moment « où la civilisation germano-romaine entre en décadence » (Danilevski). De nos jours, ce nom est celui du groupe de presse de l’oligarque pro-Kremlin Constantin Malofeev qui cherche à moderniser les conceptions panslaves.

 

[4] Le panslavisme  apparaît au 16ème siècle sous la plume de deux personnalités croates, l’idéologue Vinko Pribojevic  et le missionnaire Juraj Krizanic qui le définissent comme « l’union sociale, politique, religieuse ,voire également l’union linguistique de l’ensemble des populations slaves ». Ces idées seront reprises par le Congrès panslave de Prague lors du Printemps des Peuples de 1848 (en Europe de l’Est, il faut noter le réveil des nations tchèques, slovaques, polonaises, hongroises et roumaines) qui pensera le drapeau panslave et le célèbre chant panslave Hej Sloveni (hymne officiel de la Yougoslavie communiste). Ce courant de pensée, repris par le philosophe russe Nikolai Danilevski, inspira la politique impériale russe durant la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle (1860-1917). Le retour de la Russie, la pensée eurasiste d’Alexandre Douguine et le renouveau patriotique dans les Balkans ont contribué à remettre sur le devant de la scène ce courant de pensée politique.

 

 

 

 

 

 

 


14/05/2021
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Le Premier soulèvement serbe et l’origine de la fête nationale serbe : la renaissance du plus vieux État des Balkans

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Bataille de Mišar, par Afanasij Scheloumoff.

 

Le 15 février 2021 ( 2 février dans le calendrier julien) ([1]) , la Serbie a fêté le 216 ème anniversaire du premier soulèvement serbe( 1804-1813) qui a vu émerger l’un des plus grands héros de l’histoire serbe, Georges Petrović, dit Georges le Noir ou Karadjordje, à cause de son caractère irascible et impitoyable vis-à-vis des Turcs (Voir article sur Karadjordje). Les lignes qui  suivent retracent les 9 ans de ce premier soulèvement qui a permis aux Serbes de conquérir leur autonomie et de remettre en place la plus longue et la plus ancienne tradition étatique des Balkans dont les origines remontent à la fondation du Royaume de Rascie à la fin du XIème siècle([2]).

Ce soulèvement débute le 14 février 1804 dans le village d’Orašac([3]), suite au retour des janissaires dans le sandjak de Smederevo qui se solda par une campagne de répression inexpiable avec des massacres, notamment le Massacre des Princes du 4 février 1804 où plus de 70 nobles serbes ont été sauvagement exécutés ([4]) , l’assassinat de notables locaux notamment: Ranko Lazarević, le propre frère du pope et futur chef de la cavalerie de Karadjordje, Luka Lazarević ou encore le gouverneur de Belgrade, Hadži Mustafa, favorable au maintien des droits des Serbes dans le cadre du système des milets([5]), la suppression des droits, la confiscation et la distribution des terres entre les janissaires, les taxes augmentées et la réintroduction du travail forcé.

Face à ces horreurs, de nombreux nobles et chefs serbes deviennent haïdouks (mot turc signifiant hors la loi et désignant les rebelles à l’autorité turque organisés en cete sous l’autorité d’un chef local)  et organisent  la résistance. Ils se réunissent depuis Orašac, pour élire leur chef, Karadjordje qui refuse dans un premier temps de les mener, arguant que les paysans serbes n’ayant pas appris à se battre, il ne veut pas les mener à la mort. Puis il accepte et est  acclamé par tous les chefs et nobles serbes. Le voïvode déclare à cet instant : " Quand la justice est exilée du monde, nous aimons mieux mourir que vivre. Plutôt mourir que porter les chaînes de l’esclavage, sans espoir de nous en délivrer jamais. La vie nous est un fardeau, et si nous sommes condamnés avec notre descendance à un esclavage éternel, nous voulons nous-mêmes sacrifier nos enfants plutôt que de les abandonner aux cruautés de nos oppresseurs. Il ne nous reste donc plus qu’à mourir, mais, ce faisant, nous gagnerons la gloire d’avoir préféré la mort à un esclavage honteux([6])". Dès lors, il lance ses troupes dans une véritable campagne de guérilla et de harcèlement contre les forces turques, qui en viennent à redouter l’habilité manœuvrière et l’esprit de vengeance des haïdouks. Au cours des deux premières années, les troupes haïdouks libèrent les villes de Valjevo et de Požarevac([7]). Fin 1806, elles sont rejointes par les corps francs des Confins Militaires autrichiens  (plus connues sous le nom de Krajina, au sud-est de la Croatie), constitués par leurs frères serbes de Krajina où Karadjordje a effectué une partie de sa formation militaire([8]). Ensembles, ils battent une armée ottomane de renfort venant de Bosnie-Herzégovine, lors de la bataille de Mišar, puis elles mettent le siège devant Belgrade, la Ville Blanche, la ville qui, depuis 1799, est le théâtre des pires atrocités et des pires sacrilèges commis par les janissaires, notamment la décapitation et l’écharpement de l’archimandrite de Bogovoja. Le siège  commence le  30 novembre 1806, le jour de la Saint-André,  lorsque dans la nuit deux proches de Karadjordje, Konda et Uzun-Mirko, prennent d’assaut la porte de la ville et l’ouvrent à leurs compagnons haïdouks qui s’emparent successivement de la porte de Stamboul, entrée principale de la forteresse ottomane du Kalemegdan surplombant Belgrade. S’ensuit une bataille aux dimensions bibliques où la rage le dispute à la férocité. Les pertes s’accumulant et le moral des haïdouks s’émoussant, Karadjordje décide de changer de tactique en incendiant la ville pour faire plier définitivement les défenseurs. Il harangue ses troupes en disant : « Ce que ne guérit pas la parole est guéri par l’épée, et ce que ne guérit pas l’épée est guéri par le feu » ([9]). Dès lors, cette nuit du 30 novembre s’éclaire du brasier qu’est en train de devenir Belgrade, tel un feu purificateur. Le lendemain, le 1er décembre 1806, la désolation est telle que Karadjordje et le peu de troupes restantes décident de mettre en place un siège statique, tant pour économiser leurs forces que parce que les ressources de la forteresse ottomane sont très limitées et qu’un siège prolongé forcerait les Ottomans à évacuer Belgrade. C’est chose faite le 27 décembre 1806, lorsque les dernières troupes ottomanes se rendent et évacuent la forteresse. Suite à cette victoire, l’ensemble des régions serbes se révoltent et se rallient à l’étendard du voïvode Karadjordje, élu entretemps chef suprême et prince héréditaire de Serbie.Grâce à ses talents de négociateur, il multiplie les contacts avec les autres nations européennes, notamment le Monténégro qu’il convainc à prendre les armes face aux Ottomans.Il protège les membres de  la Filikí Etería et les dirigeants révolutionnaires grecs. Il établit des contacts avec les princes valaques, négocie une alliance militaire avec la Russie impériale. Enfin, il propose même l’aide des troupes serbes contre les Autrichiens à Napoléon, en échange d’une aide militaire face aux Ottomans. C’est d’ailleurs grâce à l'alliance militaire avec la Russie impériale que Karadjordje se permet de refuser la paix négociée que propose Istanbul qui donne de nombreux avantages à Belgrade en échange du maintien des garnisons ottomanes dans les grandes villes serbes. Il déclare d’ailleurs à cette occasion: « La Serbie se considère comme un pays indépendant, n’accepte pas de payer de tribut ni d’utiliser des armes contre des alliés partageant la même foi » ([10]). Quelques semaines plus tard, Istanbul fait une contre-proposition au prince serbe en lui proposant de devenir vizir du pachalik de Belgrade s’il se convertit lui et toute la Serbie à la religion musulmane, à l’instar de la Bosnie qui l'avait fait de par le passé. Karadjordje réplique à sa manière en faisant bien comprendre qu'il n'en est pas question: «  Plutôt mourir dans sa foi et dans sa patrie que de renier sa croyance, car il est écrit dans l’Évangile que seul celui qui aura la foi sera sauvé ». 

Dès lors, Karadjordje , les voïvodes, les autorités religieuses ( patriarche, métropolites, archimandrites et popes de l’Église orthodoxe serbe) et ses compagnons s’évertuent à jeter les bases d’un État serbe rénové s’inscrivant dans les canons du temps. Afin de pallier les divisions internes et de régler les différents problèmes administratifs, militaires, économiques et politiques, Karadjordje institue le premier parlement serbe ( Skupstina ) ([11])et Filipovic écrit la première Constitution du pays. Un conseil de douze ministres est institué pour gérer au jour le jour la bonne marche des affaires de l’État. Il complète ces mesures par l’adoption d’un code civil et d’un système fiscal et judiciaire, inspiré directement du système napoléonien([12]). Il jette également les bases du système éducatif serbe qui sera considéré comme l’une de ses plus grandes réussites personnelles, avec la création de plusieurs écoles primaires et la fondation, en 1808, de la Haute École qui deviendra l’Université de Belgrade.  

Parallèlement à cette renaissance politique , le célèbre poète Vuk Karadzic procède à la réforme de la langue serbe et à la publication de la première grammaire de langue serbe. Il participe également à la production et à l’édition des poèmes épiques serbes, les célèbres "pesme". Citons notamment la geste de la bataille de Kosovo Polje que Karadzic présente comme une défaite, alors que les sources historiques tendraient à confirmer que cette bataille est une victoire serbe ([13]).

Cette période de renaissance de la nation serbe prend malheureusement fin lorsque la Russie , pressée par l’invasion des troupes napoléoniennes, signe le traité de paix de Bucarest, le 16 mai 1812. Il stipule, dans son article VIII, que les Serbes doivent détruire les forteresses bâties durant le soulèvement et accepter le retour de garnisons ottomanes au sein de leurs villes, en échange d’une amnistie générale et d’une autonomie interne qui consacre la création de la principauté de Serbie. Ce traité est vécu comme un véritable coup de massue. Karadjordje, affaibli par l’immense travail de reconstruction, épuisé et malade s’enfuit de Belgrade le 21 septembre 1813. C'est alors que s’affirme Milos Obrenovic, le chef du second soulèvement serbe, face aux Ottomans qui consacrera l’autonomie de la principauté de Serbie, reconnue en 1843 par les puissances participant à la Question d'Orient (France, Angleterre, Empire Ottoman).  

 



[1] Buisson Jean-Christophe, Histoire de Belgrade, Paris, Éditions Perrin, Collection Tempus, 2010, pp 61-78

[2] Dusan Batakovic, Histoire du peuple serbe, éditions L'Âge d'Homme, 400p.

[3] Buisson Jean-Christophe, Histoire de Belgrade, Paris, Éditions Perrin, Collection Tempus, 2010, pp 61-78

[4] Ibid

[5] système juridique ottoman qui permettait aux différentes religions révélées d’être protégées par la loi en contrepartie les chefs religieux étaient nommés par la Sublime Porte et ces minorités religieuses étaient astreintes à certains devoirs plus ou moins iniques et discriminants comme le paiement de la djizia

[6] Buisson Jean-Christophe, Histoire de Belgrade, Paris, Éditions Perrin, Collection Tempus, 2010, pp 61-78

[7] Dusan Batakovic, Histoire du peuple serbe, éditions L'Âge d'Homme, 400p

[8] Buisson Jean-Christophe, Histoire de Belgrade, Paris, Éditions Perrin, Collection Tempus, 2010, pp 61-78

[9] ibid

[10] ibid

[11] ibid

[12] ibid

[13] « Kosovo, 1389 : la bataille fondatrice du roman national serbe », Guerres et Histoire n°28 décembre 2015, pp 76-80.


28/02/2021
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Sojstvo i Junaštvo

le soldat monténégrin.PNG

Ce terme serbo-monténégrin peut se traduire par " l'humanité et les actes de bravoure". Il constitue un code de chevalerie non écrit, propre au peuple monténégrin, bien que les serbes en partagent l'esprit. En effet, une certaine proportion de la population serbe actuelle a des origines monténégrines (Slobodan Milosevic, Radovan Karadzic, l'ex ministre serbe de l'Intérieur, Dragan Jočić et le célèbre acteur serbe Lazar Ristovski  sont nés de parents monténégrins). Il a été décrit par Marko Miljanov, un célèbre poète et guerrier du milieu du XIXème, attaché à l'unité de la garde du prince du Monténégro, Danilo Petrovic-Njegos.

Ce code exalte les vertus d'intégrité, de dignité, d'humilité, de sacrifice de soi pour la juste cause, si nécessaire, de respecter les autres et exhorte à rechercher "la Rectitude dans la bravoure".

Ce système de valeurs reflète aussi le passé guerrier du Monténégro, notamment les guerres contre les Turcs. Il explique pourquoi ce peuple, ainsi que le peuple serbe, ont aussi longtemps résisté à l'occupation et à l'assimilation ottomane ( 500 ans d'occupation). Ce code a aussi inspiré la bravoure des troupes monténégrines durant la Première Guerre Mondiale. Certaines unités monténégrines se sont battues aux côtés des Serbes et des Français de l'Armée d'Orient du maréchal Louis Franchet d'Esperey, sur le Front de Salonique, et participèrent à la victoire du Dobro Polje.

De nos jours, ce code est encore profondément ancré dans la conscience nationale monténégrine et serbe, même si pour les autres peuples des Balkans, ce code suscite des réactions allant de l'indifférence générale à la moquerie.  


05/07/2014
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Vidovdan

Bataille_de_Kosovo.jpg

  "La bataille de Kosovo Polje", Peinture de Adam Stefanovic, 1870.

 

Il s'agit de la fête nationale serbe qui est fêtée le 28 juin(15 juin dans le calendrier julien), le jour de la Saint Guy. Elle est l’occasion pour les Serbes d’exprimer leur fierté par rapport à leur passé guerrier, notamment la bataille de Kosovo Polje qui eut lieu le 15 juin 1389, opposant les Croisés aux Ottomans. Elle vit s'illustrer le prince Lazar Hrebeljanovic, en tant que commandant de la cavalerie chrétienne. Il fut élevé au rang de saint martyr par le Patriarcat de Serbie. Son corps fut déplacé de nombreuses fois, à cause du symbole qu’il représente pour les Serbes. En 1942, il fut caché dans l'église Saborna de Belgrade, afin d'éviter que les Oustachis croates, collaborateurs nazis ultracatholiques, ne l'exhument pour le brûler, car étant Serbe et Orthodoxe. En 1954, le corps sera transféré au monastère de Ravanica, fondé par le Prince Lazar Hrebeljanovic. En 1989, les restes du Saint Lazare Orthodoxe firent le voyage jusqu’à Gazimestan, où 1 million de Serbes s’étaient rassemblés pour commémorer les 600 ans de la bataille de Kosovo Polje, Gazimestan étant le lieu exact de la bataille. Citons la figure emblématique du chevalier serbe Milos Obilic, qui, au cours de cette bataille, parvint à traverser les lignes turques et à tuer le sultan Mourad Ier sous sa tente. En tant que figure héroïque, Milos Obilic  a inspiré, entre autre, la création de l’ordre de Milos le Grand.

La poésie et la littérature serbo-monténégrine du milieu du XIXème siècle en a fait des héros prêts au sacrifice ultime pour la défense de la foi orthodoxe et du peuple serbe, notamment dans Gorski Vijenac(la Couronne des Montagnes) de Petar II Petrovic-Njegos, Prince-Évêque du Monténégro réformateur de la langue serbe,  et les poèmes de Vuk Stefanovic Karadzic. 

Cette fête est aussi l'occasion d’exhorter le peuple serbe à la résistance contre l’envahisseur, ce qui peut expliquer le geste de Gavrilo Princip, le 28 juin 1914 à Sarajevo,  et de rappeler au monde que le Kosovo est une partie de la Serbie. Nombre d'éléments culturels y attestent d'une légitimité historique et religieuse de la Serbie, tant par le sacrifice de générations de Serbes qui se sont battus pour conserver le Kosovo ( une coutume veut que les jeunes garçons serbes soient surnommés à leur naissance "Petit Vengeur du Kosovo" par leurs parents) que par la naissance au Kosovo de l’identité religieuse serbe(plus de 600 monastères orthodoxes étaient présents au Kosovo avant 1999). Citons le monastère de Devic qui fut sauvé in extremis de la destruction en 1999, par le Colonel Jacques Hogard, patron de l'Opération Trident,  décoré à ce titre de l'Ordre de Saint Sava, une décoration prestigieuse décernée par l'Eglise Orthodoxe serbe.


05/07/2014
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