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Ukraine : une guerre inévitable ???

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Par

Jean-Baptiste HUBERT,

Spécialiste en géostratégie, intelligence économique et sécurité-défense,

Membre du comité « Sécurité Intérieure » de l’Aqui-IHEDN.

 

Suite à la reconnaissance par la Russie des républiques populaires de Lugansk et de Donetsk, le 21 février 2022 ([1]), le président russe, Vladimir Vladimirovitch Poutine, a décidé le 24 février 2022, d’une opération militaire spéciale d’une ampleur exceptionnelle ([2]), par les moyens engagés ( plus de 200 000 hommes engagés, 400 missiles Kalibr-M tirés pour une centaine d’installations militaires ukrainiennes détruites dans les premières heures de l’offensive russe) ([3]). Elle constitue l’une des plus grandes opérations militaires en Europe depuis la fin des guerres en ex-Yougoslavie, terminées en 1999, et vient bouleverser la stabilité de l’ordre européen issu de ces conflits, fondée sur la mondialisation et l’extension illusoire du « parapluie américain » de l’OTAN.

Cette opération militaire, condamnable sur le plan du droit international, s’explique par la dégradation progressive de la situation politique en Ukraine que l’Europe semblait avoir stabilisée, suite à la signature des Accords de Minsk 2, ratifiés le 15 février 2015 par la France, l’Allemagne, l’Ukraine et les deux républiques séparatistes ; la Russie et la Biélorussie étant des membres observateurs. Or, depuis cette date, malgré une relative accalmie suite à l’élection de Volodymyr Zelensky le 31 mars 2019, avec un échange de prisonniers intervenu quelques mois plus tard et la crise sanitaire liée au Covid-19([4]); les émeutes de l’opposition anti Loukachenko en Biélorussie([5]); les différents incidents navals notamment la violation des eaux territoriales russes par le HMS Defender en marge de l’exercice  « Sea Breeze » 2021([6]) et le retrait des troupes américaines d’Afghanistan([7]) ont sensiblement augmenté la tension mondiale et ont contribué à relancer ce conflit gelé, qui a la potentialité de replonger l’Europe dans une guerre que l’on pourrait éviter .

I- Entre manquements diplomatiques, provocations et soutien militaire à l’Ukraine : la volonté atlantiste de maintien de la domination américaine.

En effet, contrairement à ce qu’affirment la plupart des médias français, l’Occident et ses positions géopolitiques, en particulier celles des Américains et de l’OTAN, sont coresponsables du déclenchement de ce conflit. Ceci s’explique par la géopolitique américaine héritée de la guerre froide, faite de containment qui visait à stopper l’extension de la zone d’influence soviétique en Europe([8]);  de la théorie du Rimland qui a conduit l’OTAN à mettre en place son réseau de bases militaires dans le monde, afin  de contrôler la puissance continentale qu’était l’URSS tout en assurant la liberté de manœuvre  ([9]) et de la pensée de Zbignew Brzezinski qui considérait l’Ukraine comme « un pivot stratégique » pour s’assurer la domination mondiale et comme un territoire essentiel pour une Russie cherchant à recouvrer un statut de puissance mondiale de par sa position géostratégique , ses ressources et son héritage identitaire, rappelé par Poutine, qui justifie le statut de puissance européenne de la Russie ([10]).

De plus, plusieurs manquements diplomatiques et provocations de l’Occident depuis la fin de la guerre froide ont renforcé en Russie la défiance vis-à-vis de l’Occident et plus particulièrement la France qui entretenait une relation d’échanges diplomatiques étroits et fructueux avec la Russie et aurait pu assumer son rôle traditionnel de puissance médiatrice. Par ailleurs, ils ont également contribué à renforcer la sensation d’être encerclé :

-          Tout d’abord la promesse non tenue de l’OTAN à Gorbatchev de sa non extension à l’est, faite  le 9 Février 1990 dans le cadre des négociations du Traité de Moscou de 1990([11]), a bel et bien eu lieu ; Ceci est confirmé par l’ancien ministre des Affaires Étrangères français, Roland Dumas ([12]), ce qui tend à alimenter les griefs russes évoqués lors du discours du 21 février 2022 prononcé par Poutine ([13]) et souligne la volonté de maintien de l’impérialisme américain dans le monde et ce, depuis la fin de la deuxième  guerre mondiale.

 

-          Il faut aussi évoquer que  l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine en 2014, évènement déclencheur du conflit, et la récente demande d’adhésion à l’UE de l’Ukraine ([14]), pourrait constituer une violation du point 3 du Mémorandum de Budapest qui stipule que «  les Etats parties s’engagent à s'abstenir d'utiliser la pression économique sur l'Ukraine en vue d'influencer sa politique »([15]) . Or les fortes incitations et les perspectives alléchantes qu’y étaient mises en avant en 2014 pour faire adhérer l’Ukraine, pourraient être considérées comme une pression économique.

 

-          Le non-respect et la non application des Accords de Minsk 2 par le gouvernement ukrainien et le fait que la France et l’Allemagne,  en tant que membres observateurs des accords, n’ont tpas suffisamment fait pression sur le gouvernement de Kiev quant au respect des points  2,3,11,12, 13 à savoir : le retrait des armes lourdes de chaque côté de la ligne de cessez-le-feu; la vérification du cessez-le-feu ; une  réforme constitutionnelle de l'Ukraine qui aurait dû mener à une fédéralisation, avec la création d’une république autonome de la Novorossiya ; un gouvernement provisoire à l'Est ; et la mise en place de groupes de travail trilatéraux puisque les tirs d’artillerie et les combats ont continué après février 2015, notamment dans la région d’Avdiïvka où  en 2016 les forces armées ukrainiennes ont tenté de lancer une offensive stoppée par les forces armées de la Novorossiya.

Notons également les différentes interventions otaniennes dans l’espace post-soviétique, désigné en Russie sous le terme « d’étranger proche » ([16]), où la Russie conserve une influence politique majeure par le biais de l’Union économique eurasiatique ()et de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC/ОДКБ) qui a démontré sa capacité de réaction opérationnelle lors de la récente crise kazakh de janvier 2022. Les forces de l’OTSC, principalement russes, s’y sont déployées en moins de 48 heures, ont contribué à ramener le calme dans le pays et ont rejoint leurs bases moins d’une semaine plus tard([17]).

Ce fut particulièrement vrai avec l’Opération Force Alliée de l’OTAN en 1999, non autorisée par le Conseil de Sécurité de l’OTAN, qui conduisit au bombardement de Belgrade lors de la Pâques orthodoxe et à la création d’un non Etat failli, le Kosovo. Son existence menace la sécurité de l’Europe tant par le fait qu’il est dirigé par des criminels drapés dans une fausse légitimité de combattants de la liberté ([18]) que parce qu’il constitue le premier pays d’Europe d’origine des combattants étrangers de Daech([19]) ;  le soutien discret et indirect des services américains aux différents mouvements indépendantistes  et  aux révolutions de couleur dans l’espace post soviétique, notamment en Tchétchénie  avec le mouvement séparatiste tchétchène de Djokhar Doudaïev, reconnu par la Géorgie et l’émirat islamique d’Afghanistan, puis les différentes organisations islamistes présentes en Tchétchénie, en particulier la Brigade internationale islamique de maintien de la paix, créée en 1998 par le Saoudien Ibn al-Khattab, l’un des commandants moudjahidin proche d’Oussama ben Laden ([20]); en Géorgie avec le gouvernement indépendantiste géorgien de Zviad Gamsakhourdia qui reconnut la République tchétchène d’Itchkérie et contribua à armer cette république et la Révolution des Roses qui porta au pouvoir le leader pro-occidental et antirusse Mikheil Saakachvili, formé aux Etats-Unis  ou encore la révolution arménienne de 2018 et son leader, l’actuel Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, visiblement très proche des Etats-Unis et soutenu par la diaspora arménienne américaine, puisque depuis son accession au pouvoir , la National Endownment for Democracy, ONG faux nez du Département d’Etat américain, a ouvert un bureau de représentation à Erevan et  développe ses activités dans le pays. 

Il faut aussi mentionner le fait que les Etats-Unis appuient depuis sa création, le 7 juin 2001, l’Organisation pour la démocratie et le développement dite alliance GUAM ( Géorgie-Ukraine-Azerbaïdjan-Moldavie), organisation de coopération et de sécurité régionale  formée par la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, la Moldavie, quatre pays issus de l’éclatement de l’Union Soviétique où des conflits subsistent dans lesquels la Russie est impliquée du côté des séparatistes ( Abkhazie, Ossétie du Sud, Crimée et Donbass, Haut Karabakh, Transnistrie). Ceci s’explique par la présence d’un envoyé américain qui siège au sein de cette organisation sans compter qu’elle s’est fixée comme but, lors de la réunion de Kiev le 28 mai 2005, de se rapprocher de l’Union Européenne et de l’OTAN en réduisant sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, en construisant, avec l’aide des Etats-Unis, des pipelines et des gazoducs contournant la Russie et la constitution d’une force de sécurité pour protéger ces différents réseaux de transport énergétique. Ces objectifs, combinés avec la création la même année du pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan, en présence du secrétaire d'État à l'énergie des États-Unis Samuel Bodan, sont directement responsables de «la guerre du gaz» en 2007, où la Russie a coupé le gaz à l’Ukraine de Iouchtchenko, issu de la Révolution Orange et de l’intervention militaire russe en Géorgie, militairement soutenu par les Etats-Unis.

D’ailleurs, la présence de conseillers militaires occidentaux, notamment américains et canadiens, est également un sujet sensible pour la Russie car cette présence a conduit l’Ukraine à se rapprocher de l’OTAN comme l’ont montré les différentes éditions de l’exercice naval de l’OTAN, Sea Breeze, qui s’est régulièrement tenu en Ukraine depuis 2005. La dernière édition a vu la violation des eaux territoriales russes par la frégate britannique HMS Defender, action qui aurait été directement ordonnée par Boris Johnston ([21]), sans oublier qu’il est de notoriété publique que l’opération Unifier (opération d’assistance militaire de l’armée canadienne à l’Ukraine) est connue pour entrainer et préparer, au sein du camp Delta, des membres de la milice néo-nazie Centuria([22]), intégrée au sein la Garde nationale d’Ukraine, recréée par l’ancien ministre de l’Intérieur ukrainien, Arsen Avakov et véritable creuset de l’ultranationalisme ukrainien. On y retrouve les membres des formations paramilitaires liés aux différents partis politiques d’extrême droite ukrainiens, refondés pour la plupart dans la décennie post-soviétique.

Parallèlement à ces provocations politiques, il est important de mentionner que l’ex-président Petro Porochenko a approuvé le 15 décembre 2018, la création d’une Église autocéphale d’Ukraine , indépendante du Patriarcat de toutes les Russies, alors que par tradition l’orthodoxie a toujours été liée au Patriarcat de toutes les Russies depuis 332 ans. Ce schisme religieux peut être interpréter comme une volonté de l’Ukraine d’être indépendante de Moscou, mais également comme une continuation de la lutte d’influence entre le patriacat de Constantinople, considéré traditionnellement comme le primat des patriarches orthodoxes, et le Patriarcat de toutes les Russies qui est le plus influent des patriarcats orthodoxes car regroupant une communauté de 300 millions de fidèles. Or, il s’avère que ce schisme religieux, contribuant à créer un conflit au cœur du conflit ukrainien et à jeter le trouble entre deux peuples chrétiens orthodoxes unis par une même vision spirituelle et de profonds liens de famille, aurait été appuyée par le Département d’Etat américain et plus particulièrement par l’ambassadeur américain pour la  «  liberté religieuse internationale », Samuel Brownback qui serait également impliqué dans la mise au point de la loi sur la liberté religieuse mise en place par le régime de Milo Đukanović ([23]).

Nationalisme ukrainien, clientélisme politique et crime organisé : les liaisons dangereuses du pouvoir ukrainien.

Lors de l’indépendance de l’Ukraine le 24 août 1991, il y a eu une renaissance du nationalisme ukrainien, alors qu’elle était en but à de profonds problèmes économiques liés à la restructuration économique du système post-soviétique et à une corruption endémique. C’est dans ce contexte que plusieurs partis nationalistes ukrainiens s’affirment sur la scène politique ukrainienne comme l’Assemblée nationale ukrainienne - Autodéfense ukrainienne (UNA-UNSO pour Українська Національна Асамьлея–Українська Наробна Самооборона),le Congrès des nationalistes ukrainiens ( KUN pour Конгрес українських націоналістів), l’Union panukrainienne « Liberté » (Всеукраїнське об’єднання «Свобода») ou encore Secteur droit (правы сектор). Cette renaissance a été accompagnée par la diaspora ukrainienne présente en Amérique du Nord, très liée aux anciens collaborateurs de l’Allemagne nazie et plus particulièrement ceux regroupés au sein du Bloc des nations antibolchéviques (ABN, créé en 1946 à Munich et dirigé par Iaroslav Stetsko, adjoint de Stepan Bandera et un temps premier ministre de la République auto-proclamée d’Ukraine, état satellite de l’Allemagne durant la seconde guerre mondiale). Certains de ces partis comme l’UNA-UNSO ont même fourni des combattants antirusses lors de la guerre de Transnistrie (1992) et d’Abkhazie (1992-1993). Cependant, c’est plus particulièrement en 2004 lors de la révolution Orange et des évènements de l’Euromaïdan que les milices de ces formations politiques ont acquis leur pouvoir politique avec la nomination Andriy Paroubi comme président de la Verkhovna Rada ou encore Dmytro Iaroch, leader de Pravy Sektor  nommé conseiller au sein du ministère de la Défense ukrainien ([24]) et sont devenus un instrument de la politique de nettoyage ethnique au Donbass. Le financement des unités spéciales, constituées des militants des formations paramilitaires de ces partis, a été assuré par des oligarques en particulier Ihor Kolomoïsky qui est le principal financier des bataillons Dnipro 1 et 2, Azov, Aïdar et Donbass([25]).Les raisons qui auraient poussé ce milliardaire ukrainien propriétaire de Privat Bank, connu pour son soutien à Israël, serait à la fois le souci de protéger ses entreprises, des raisons politiques, car il a été nommé en 2014 gouverneur de Dniepropetrovsk ,est une adhésion à l’idéologie antirusse véhiculée par des membres de l’extrême droite israélienne portée par des députés proche d’Avigdor Liebermann, populaire ministre des affaires étrangères et de la Défense israélien , d’origine moldave, issu d’une famille de Juifs refuzniks ([26]) .  L’implication de ces milices dans la guerre civile au Donbass depuis 2014 leur a parallèlement permis de faire pression sur le gouvernement ukrainien avec force menaces de coup d’état([27]).

Parallèlement aux milices ultranationalistes, il faut aussi mentionner l’influence des groupes criminels dans le jeu politique ukrainien qui, profitant des richesses accumulées par les divers trafics en particulier d’armes lors de la période post soviétique, feront des mafias ukrainiennes les fournisseuses d’armes de la Géorgie, des différentes républiques ex-yougoslaves dont la Croatie, de la Tchétchénie séparatiste  et encore de nos jours, comme le montre la présence d’armes ukrainiennes qui se sont ainsi retrouvées aux mains des Talibans pakistanais, en République démocratique du Congo et dans des pays sous embargo tels que la Sierra Leone, le Liberia et la Croatie des années 1990 ([28]), fournissant les services d’ordres et des auxiliaires aux oligarques ukrainiens comme Ihor Kolomoïsky , Taruta, Rinat Akhmetov, régulièrement accusés de corruption([29] et influençant les élections. D’après le journal d’opposition Nashi Groshi, Petro Porochenko serait lui aussi impliqué dans le trafic d’armes à hauteur de plus de 8 millions d’euros, encaissés par lui-même ou ses proches, ce qui implique des connexions avec les milieux interlopes. Il faut aussi mentionner encore les différentes cargaisons troubles d’armes lourdes, dont des chars originaires d’Ukrain, à destination de pays sous embargo comme la Somalie ou le Sud Soudan, où en 2008, la cargaison du navire ukrainien Faina, constitué d’une trentaine de chars T64, a été interceptée par des pirates somaliens([30]). Mentionnons également des liens d’hybridation entre le crime organisé et le mercenariat, car régulièrement, depuis les années, les forces françaises dans les différents pays d’Afrique arrêtent régulièrement des pilotes d’hélicoptères biélorusses et ukrainiens dont les liens avec les mafias d’Europe de l’Est sont avérés.

Parallèlement à ces liens avec le crime organisé, on constate que les hommes politiques ukrainiens, tant les pro-russes liés à Ianoukovytch que l’ancien gouvernement Porochenko, brillent par leur corruption vis-à-vis d’organisations étatiques ou paraétatiques étrangères comme le souligne le train de vie somptuaire de l’ancien président Ianoukovytch ou encore les liens étroits qui unissent Arseni Iatseniouk , ancien premier ministre ukrainien, au très controversé cabinet de conseil McKinsey , actuellement impliqué dans la gestion du Covid-19 et responsable de la vague de toxicomanie qui touche les USA depuis une dizaine d’année. Il faut mentionner également les liens très étroits qui unissent l’actuel président ukrainien Volodymyr Zelensky et Ihor Kolomoïsky tout d’abord au niveau confessionnel et également parce que la série « Serviteur du Peuple » qui a fait la célébrité de Zelensky a été produite par et sur la chaine 1+1, propriété de Kolomoïsky. Il est également cité dans les Pandora Papers pour un montant d’1 milliard 200 millions de dollars et une propriété à Miami.

Citons également l’affaire Burisma , du nom de la principale compagnie pétro-gazière ukrainienne dans laquelle Hunter Biden siégeait au conseil d’administration et où il a organisé un système de rétro-commissions, au profit du financement de la campagne de son père lors de l’élection présidentielle américaine. Cela conduira au renvoi du procureur général d’Ukraine par le gouvernement ukrainien, sur pression de Joe Biden lui-même et du Département d’Etat américain([31]).

 

III- Conflit en Ukraine : quelles conséquences pour quelles sorties de crise ???   

Au bout de 15 jours de conflit, il est encore trop tôt pour voir une rapide sortie du conflit, tant les positions sont radicalisées de part et d’autre, et l’évolution de la situation dépendra de l’avancée des troupes russes et de la résistance de l’armée et de la population ukrainienne. D’ailleurs, le fait que les troupes ukrainiennes n’aient pas lancé d’offensive et que le président ukrainien ait fait distribué des armes à l’ensemble de la population démontre une situation particulièrement préoccupante du côté ukrainien qui risque de s’aggraver ces prochains jours, avec le retour du gel annoncé depuis le 10 mars 2021. Ainsi, le retour du gel va consolider les sols dégelés et boueux et faciliter l’offensive générale russe, si Poutine le décide.

Les principales avancées dans la résolution de ce conflit sont le maintien de sessions de négociation à Gomel en Biélorussie, à l’initiative de la Russie dès le 28 février 2022, ainsi que la médiation de la Turquie qui propose ses bons offices pour arriver à une sortie diplomatique de ce conflit. Soulignons également l’ouverture d’une grande conférence de paix à Versailles en date du 11 mars 2022 qui devra régler l’ensemble des conflits issus de l’éclatement de l’Union Soviétique, si elle tient à consolider la stabilité et l’équilibre politique en Europe, sans se contenter de régler les différents problèmes du conflit ukrainien, dont la résolution n’est pas assurée vu l’ampleur des problèmes de corruption, d’extrémisme politique et de pauvreté qui touchent ce pays. Cela risque de raviver certains conflits dormants en Europe comme le Kosovo voire, après analyse des évènements en Ukraine jusqu’à leur terme, amener la Chine à régler le différend territorial avec Taïwan en adoptant la ligne dure.

L’une des seules options sur la table reste la fédéralisation de l’Ukraine avec la création de deux entités politiques séparées au sein d’une Ukraine neutre, sans reproduire les erreurs des négociation de Dayton sur la résolution de la guerre de Bosnie, notamment la nomination d’un Haut représentant de l’ONU qui actuellement contribue à un blocage politique total entre les deux entités de la Bosnie Herzégovine induisant également un risque de radicalisation politique dans ce pays, dont une partie  se trouve être un réservoir de terroristes islamistes ([32]) et constitue une bombe à retardement en Europe.

 

[1] LAGNEAU Laurent, «Le Parlement russe approuve les accords conclus avec les républiques populaires de Donetsk et de Lugansk », Opex360.com, 22/02/2022, consulté le 07/03/2022, disponible sur : http://www.opex360.com/2022/02/22/le-parlement-russe-approuve-les-accords-conclus-avec-les-republiques-populaires-de-donetsk-et-de-louhansk/

 

[2] « Vladimir Poutine annonce une opération militaire en Ukraine »,AFP,24/02/2022, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=kKiwOwaTnTI

 

[3]RODIER Alain, « Ukraine : à l’aube du deuxième jour de guerre », RAIDS,25/02/2022, consulté le 07/03/2022,disponible sur : https://raids.fr/2022/02/25/ukraine-a-laube-du-deuxieme-jour-de-guerre/

 

[4] « Ukraine. Echange massif de prisonniers entre Kiev et les séparatistes prorusses », Ouest-France,30/12/2019, consulté le 07/03/2022,disponible sur : https://www.ouest-france.fr/europe/ukraine/ukraine-echange-massif-de-prisonniers-entre-kiev-et-separatistes-6672973

 

[5] HUBERT Jean-Baptiste, « Biélorussie : vers un scénario anti-Maïdan et une possible réforme constitutionnelle », L’Autre Europe, 25/10/2020, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://l-autre-europe.blog4ever.com/bielorussie-vers-un-scenario-anti-maidan-et-une-possible-reforme-constitutionnelle-1

 

[6] « U.S. Sixth Fleet announces Sea Breeze 2021 participation », America’s Navy, 21/06/2021, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.navy.mil/Press-Office/News-Stories/Article/2664699/us-sixth-fleet-announces-sea-breeze-2021-participation/

 

[7] « La Turquie courtise Biden avec son offre de protéger l’aéroport de Kaboul », Le Journal de Montréal, 29/07/2021, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.journaldemontreal.com/2021/07/29/la-turquie-courtise-biden-avec-son-offre-de-proteger-laeroport-de-kaboul

 

[8] La théorie du containment a été mis au point par George Kennan, ambassadeur des Etats-Unis à Moscou et visait à contenir l’avancée soviétique en Europe par le soutien économique, politique et militaire aux démocraties d’Europe occidentale comme par exemple en utilisant le le Plan Marshall, le pont aérien sur Berlin en 1954 ou encore le soutien aux réseaux stay-behind

 

[9]  La théorie du Rimland, créé par Nicholas John Spykman dans les années 50 qui veut que le contrôle de la bande de terre côtière entourant le Heartland ( le Rimland) est le plus important territoire à contrôler car il permet de maitenir la mainmise de la puissance maritime américaine sur l’Heartland.

 

[10]  BRZEZINSKI Zbignew, Le Grand Échiquier, l’Amérique et le reste du monde, Bayard Éditions, 1997, pp 74-75

 

[11] «Les révélations de Roland Dumas sur les négociations autour de l'OTAN en 1991 », Sud Radio, 01/03/2022, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=uDyfjfbfSyo

[12] Ibid

 

[13] Vladimir Poutine annonce une opération militaire en Ukraine »,AFP,24/02/2022, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=kKiwOwaTnTI

 

[14] « Adhésion de l'Ukraine à l'UE : la demande en cours d'examination, France24, 07/03/2022, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=sxZLcmH08Hg

 

[15] Mémorandum relatif aux garanties de sécurité dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine au

Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Budapest, 5 décembre 1994 », Organisation des Nations Unies, 05/12/1994, consulté le 07/03/2022, disponible sur :  https://treaties.un.org/doc/Publication/UNTS/Volume%203007/Part/volume-3007-I-52241.pdf

 

[16] Le concept d’étranger proche désigne la zone géographique constituée par l’Asie Centrale et les anciens pays satellites de l’Union Soviétique, que la Russie considère comme sa zone d’influence où elle se réserve le droit d’intervenir militairement pour défendre ses différents intérêts comme l’as montré l’intervention récente au Kazakhstan 

 

[17] LITOVKINE Nikolaï, « Qu’est-ce que l’OTSC et pourquoi a-t-elle envoyé des soldats de la paix au Kazakhstan ? », Russia Beyond, 12/01/2022, consulté le 07/03/2022, disponible sur :https://fr.rbth.com/lifestyle/87654-otsc-intervention-kazakhstan

 

[18] HUBERT Jean-Baptiste , «Démission de Ramush Haradinaj : une nouvelle affaire Gotovina», l’Autre Europe, 27/09/2020, consulte le 07/03/2022, disponible sur: https://l-autre-europe.blog4ever.com/demission-de-ramush-haradinaj-une-nouvelle-affaire-gotovina-1

[19] Jean Pierre Husson, « Kosovo, volontaires djihadistes en hausse », RAIDS n°344 de janvier 2015, pp 20-21

 

[20] Gilles Kepel, Jihad, édition 2003, p. 360

 

[21] « Boris Johnson aurait directement autorisé le HMS Defender à violer les eaux territoriales russes », Sputnik News

,25/06/2021 consulté le 03/10/2021, disponible sur : https://fr.sputniknews.com/20210625/boris-johnson aurait-directement-autorise-le-hms-defender-a-violer-les-eaux-territoriales-russes-1045786509.html

 

[22] LESTER Norman « Qui l’armée canadienne forme-t-elle en Ukraine, Le Journal de Montréal, 22/01/2022, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.journaldemontreal.com/2022/01/28/qui-larmee-canadienne-forme-t-elle-en-ukraine

 

[23] HUBERT Jean-Baptiste, « Monténégro, la riposte des orthodoxes monténégrins dans les urnes », l’Autre Europe, 25/10/2020, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://l-autre-europe.blog4ever.com/montenegro-la-riposte-des-orthodoxes-montenegrins-dans-les-urnes-1

 

[24] « Poursuites en Russie contre le chef du mouvement nationaliste ukrainien Pravy Sektor », Le Point, 3/03/2014,consulté le 07/03/2022,disponible sur : http://www.lepoint.fr/monde/poursuites-en-russie-contre-le-chef-du-mouvement-nationaliste-ukrainien-pravy-sektor-03-03-2014-1797194_24.php

 

[25] 

 SHARKOV Damian, «Ukrainian Nationalist Volunteers Committing 'ISIS-Style' War Crimes », Newsweek, 09/10/2014, consulté le 07/03/2022, disponible sur: https://www.newsweek.com/evidence-war-crimes-committed-ukrainian-nationalist-volunteers-grows-269604

 

[26] Les refuzniks représentaientprincipalement  en URSS, des citoyens soviétiques de confession juive qui s’étaient vus supprimer leur droit d’obtenir leur visa en particulier pour émigrer vers Israël. Dans les années 90 , beaucoup de juifs soviétiques ont fait leur alyah vers Israël. Cet afflux d’immigrés juifs a alimenté plusieurs réseaux de fabrication de faux certificats de judaïté dont profiteront certains groupes criminels issus de l’ex-URSS.

 

[27]  « Ukraine : un député prône un changement de pouvoir », Sputnik News, 18/05/2015, consulté le 07/03/2022, disponible sur : http://fr.sputniknews.com/international/20150518/1016127512.html

 

[28]  DENIS Jacqmin, « L’Ukraine, une nouvelle source pour le trafic d’armes », Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, 23/08/2016, consulté le 07/03/2022, disponible sur :https://grip.org/lukraine-une-nouvelle-source-pour-le-trafic-darmes/

 

BLANC Hélène, Le Dossier noir des mafias russes, Editions Balzac Le Griot, Collection «  l’envers du décor », Paris, 1998. pp 75-86.

 

 [29]«Akhmetov visé par la lutte anticorruption », Le Figaro, 14/04/2017, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/04/14/97002-20170414FILWWW00182-akhmetov-vise-par-la-lutte-anticorruption.php

 

[30] GOBERT Sébastien , « Ukraine : soupçons sur Porochenko, le président anti-corruption »,Ouest-France, 04/03/2019,consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://rennes.maville.com/actu/actudet_-ukraine-soupcons-sur-porochenko-le-president-anti-corruption_54135-3662241_actu.Htm

 

BRAQUEHAIS, Stéphanie, « Des chars en eaux troubles », Libération, 30/09/2008, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.liberation.fr/planete/2008/09/30/des-chars-en-eaux-troubles_110347/

 

[31] MOREAU Xavier, «Bidengate », Stratpol, 26/09/2019, consulté le 07/03/2022, disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=IoQOhWEu8bM&t=6s.

 

[32] TROUDE Alexis-Gilles, « Balkans, la fracture, la base européenne du djihad », Editions Xenia, Collection le Chaînon manquant, Paris, 2017.  

 



24/03/2022
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